Descente d’anthologie depuis Hazard County (Moab, Utah)

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Avec le fameux slickrock bike trail, je pensais avoir atteint le nirvana du vtt, et je m’apprêtais à « rider » l’autre parcours considéré incontournable : Porcupine Rim quand Matt, de chez PSB m’indique (carte topo à l’appui) que le circuit à faire absolument c’est « The Whole Enchilada », un parcours partant de beaucoup plus haut (3000m) sur Sal Mountain depuis Hazzard County, enchaîne sur Kokopelli trail, puis se poursuit sur UPS (Upper Porcupine Singletrack, LPS (Lower…) avant de rejoindre le tant attendu Porcupine Rim. Matt m’indique que Bryan (Boss of Porcupine shuttle) a prévu une expédition mardi matin vers 6h AM. Le rendez vous est pris après avoir acheté une carte topo du coin et tenté une recherche de traces GPX sur le net, histoire de se rassurer avant …

Je me retrouve à l’aube mardi matin devant le magasin avec 3 riders texans, un local qui déboule en semi rigide spé puis enfin Bryan et son van qui embarque encore 4 autres spads et leurs hôtes au niveau d’un hôtel de Moab. Certains sommeillant à moitié, d’autres sirotant des cafés tailles XXL, tous entassés dans ce van nous voilà en route pour ce spot réputé magique… Après une bonne heure de route sinueuse de montagne, le parking de Hazzard County, au coeur du domaine de La « Sal Mountains Forest » est enfin en vue. On est  à plus de 9200 Fts d’altitude. A la descente du van, pour le première fois depuis bien longtemps, Il fait frais et sans traîner tout le monde se prépare pour la fameuse descente. Ou suis-je ???

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Spads rapidement débarqués, les texans partent les premiers tandis que les deux couples de journalistes venus dans le cadre d’un reportage pour « Dirt MountainBike Magazine » prennent leurs temps et ne semblent pas pressés de démarrer. Je m’engage derrière les texans et nous débutons une belle grimpette dans une forêt de bouleaux qui débouche au centre d’un plateau; le premier secteur ludique est annoncé. Pendant l’ascension, je rattrape deux des texans visiblement en mode cool. En haut, la piste prends l’allure d’un singletrack qui tortillonne dans l’herbe haute en direction de la vallée, en contre-bas. Le single est très joueur et c’est a « donf » que je parcours les 4 premiers miles alternant des sous-bois de bouleaux et résineux et des zones de « steppes » gavés de petits buissons. Le sentier roulant est parfois encombré de lits de gros cailloux, la vigilance est de mise afin d’anticiper ces obstacles et éviter le risque d’une chute à vive allure (j’y pense même pas !).

img_5822.jpgCa déroule bien quand les texans me rejoignent et ensemble nous nous engageons sur le secteur de Kokopelli trail, un sentier plus large mais tout aussi ludique et roulant. brusquement, un des texans chute violemment dés le début et après quelques soins rapides à  base de lingettes désinfectantes « frenchies », nous repartons. La descente se fait toujours sur un rythme soutenu avec devant nous la rencontre de ces paysages grandioses de Castle Valley qui se découvrent petit à petit. Nous longeons rapidement un tombant impressionnant, les « chateaux de la vallée » semblent à portée de main, c’est fascinant. Nous enchaînons UPS dans la foulée, un secteur plus technique ou les portions de rochers lisses et de monotraces rapides commutent sans arrêt. Le surplomb s’intensifie au dessus de la vallée avec des points de vues sublimes qui sont autant d’occasions de pause photos impressionnantes. Le sentier se fait plus technique encore avec des passages délicats qu’il faut négocier franchement avec une précision extrême. Je lâche progressivement les bikers texans, visiblement à la peine à cause de problèmes de suspensions et de freins. Puis c’est le secteur de LPS avec des variantes de nouveau plus roulantes et ces longs rochers lisses adhérents qui rappellent Slickrock.

Je me retrouve ainsi, après une heure et demi de « Crazy Downhill », à l’abordage de Porcupine Rim. Cette fameuse dernière partie s’annonce plus rude dans une chaleur retrouvée. Le premier tronçon en légère montée reste dans l’alignement de Castle Valley que l’on retrouve encore et régulièrement tout le long du tracé. Puis une longue descente s’amorce progressivement avec des secteurs empierrés piégeux qui ne sont pas sans rappeler étrangement la Clape de Gruissan.

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C’est dans cette partie descendante de près de 10km que, brusquement, ma roue arrière se bloque, le dérailleur arrière éclaté, tordu et enchevêtré dans les rayons, aie ! J’essaye en vain une réparation de fortune mais malgré plusieurs tentatives, le dérailleur est déclaré définitivement HS. Je décide alors de finir les quelques 5 miles restants sans chaîne ni dérailleur, ces 8 km étant globalement bien descendants. Le style devient alors forcément plus trial avec une recherche permanente de vitesse en position optimale pour passer le plus souplement les secteurs caillouteux en préservant un max l’allure. Après une bonne heure de bataille, sans une goutte d’eau et sous un soleil qui cogne grave, la route face au Colorado est enfin en vue. Le périple s’arrête à la fontaine naturelle ou l’eau fraiche se fait salutaire avant que que le rapatriement puisse s’opérer…

Malgré ce finish épique, ce tracé est sans contexte un des plus époustouflants que j’ai pratiqué en VTT et j’invite tous ceux qui ont programmé Moab dans leur futur calendrier d’oser Hazzard County. Bravo Matt pour tes conseils, chapeau le shop PSB (Poison Spider Bicycles) qui malgré la restitution du rocky moutain plutôt allégé et en piteux état (sans chaine, ni dérailleur et avec une patte de dérailleur tordue) a su être compréhensif et m’a facturé des dommages vraiment limités. See You Soon, MOAB !

( La vidéo est ICI )

<trace gps/topo du parcours>